Il est difficile de trouver un chemin et ces fameux canyons asséchés sont des obstacles difficiles à franchir. À chaque fois que je tombe sur l'un d'eux, il me faut remonter la pente vers l'intérieur de l'île jusqu'à trouver trace d'une forme de sentier qui permettra de descendre dans le creux. Ainsi, j'ai dû franchir une dizaine de canyons en remontant à chaque fois, et quelques dizaines de mètres de marche droite prennent parfois une demi heure. Soudain j'arrive devant une autre chute, et doutant que ce fut le bon chemin, je remontais le flanc de montagne à ma droite. Je ne voyais toujours pas cette fichue plage, qui ne me paraissait pas loin, mais extrêmement difficile à atteindre à cause des chutes naturelles. Devant moi, de véritables petits ravins, toutes les canyons convergent sur cette fosse. En période de pluie, cet endroit doit charrier des millions de mètres cubes d'eau, ça doit (ça a du?) ressembler au chute du Niagara en un peu plus petit. Je comprends pourquoi je n'ai pas pu redescendre directement jusqu'à la plage depuis l'endroit où j'ai rencontré le gardien de chèvres. En fait ces canyons et leurs chutes naturelles ont des flancs tellement raides qu'il est impossible de les franchir pour la plupart. Finalement la plupart de mes essais de progression vers l'océan se soldent par l'arrivée devant un à-pic. Que faire ? je reviens sur mes pas, ré-escalade la crête, en commençant à comprendre dans quelle galère je viens de me fourrer. Planté sur la crête, j'essayais de repérer un sentier. En face il y a un chien qui aboit. Il doit bien venir de quelque part ? il y a bien un bout de piste qui me permettrait de le rejoindre ? Je pense aux fables indiennes. Je n'y ai jamais été sensible mais, je dois bien admettre qu'il était étrange que ce chien m'ait montré le chemin. Car c'est en essayant de le rejoindre, et après plusieurs dizaines de minutes de marche dans ce labyrinthe naturel, que je croisai un pan de montagne où des coups de binette avaient été donnés, et les suis, en scrutant le dessin du sol, et le fond des ravins. C'est bien une sorte de chemin quasi invisible, qui avait été creusé à flanc de montagne j'ai du mal à le suivre, car il ne doitt pas servir souvent, mais finis par arriver à une descente qui me mène à la plage. En empruntant ce périlleux passage, je comprends aussi la vie incroyable de ces bergers, au milieu de nulle-part, et la raison pour laquelle ils emportent avec eux cette petite binette : ils sont les seuls à entretenir et utiliser ces sentiers. Mais la plage est là, avec un fichu molosse qui aboit en contrebas.
Victoire ! des petits murets sont hérissés sous une des parois et semblent délimiter un abri. C'est sans doute celui du gardien, car je me souviens de ces mots : "um pequenho lugar para dormir" : "un petit endroit pour dormir".
Le reste de la marche a consisté à tenter de repérer un quelconque chemin, et des tas de pierre. Difficile à voir. Je compte plus sur les quelques mots du gardien qui m'avait dit qu'il fallait passer au-dessus du Morro puis redescendre sur la petite montagne. Le soleil commençait à cogner, il était proche de midi et pas un nuage pour me protéger la "cabeça". Le tee-shirt sur le crâne, je continue le repérage des tas de pierre posés par les gardiens, je contourne le Morro, mais ça ne va pas vite. Ayant perdu les marques je continue en direction de la petite montagne dans le lit d'une rivière pas trop encaissée. Il y a quelques constructions calcaires un peu bizarres, qui forment des petites niches blanches, comme des mini falaises de craies d'un mètre de haut et des petites sculptures naturelles. Je n'avançe pas très vite, et ne sais absolument pas dans quelle direction me diriger. Je redescends au maximum vers la côte, mais suis souvent contraint de remonter la pente pour franchir les canyons. Les pieds sont pas mal sollicités à marcher sur des gros cailloux régulièrement espacés. Je trouve tout de même un chemin de pêcheur qui longe la côte rocheuse, après tout de même quelques essais infructueux de marcher sur le front de mer, régulièrement bloqué par des criques à falaises. Fatigué je franchis encore et toujours ces fichus canyons, jusqu'à enfin voir la piste, au loin. Soulagé, je n'avais plus d'eau depuis environ deux heures, et je vois avec joie la petite plage que je connais, à l'écart de Porto Novo. Je marche rapidement en terre connue, et m'enfile quatre sodas en arrivant au residençial. Belle aventure!, huit heures de traversée et quelques angoisses, mais au final, une superbe traversée... |
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